Je parcours avec beaucoup d'intérêt et de respect le livre de Thich Nhat Hanh, grand maître bouddhiste, intitulé "prendre soin de l'enfant intérieur", faire la paix avec soi.
Dans ce livre, il y a un point qui m'a éclairé, c'est celui des liens " inter-être" :
"Le terme inter-être est cher à Thich Nhat Hanh ; il utilise très fréquemment pour illustrer que tout dans l'univers est relié, que rien n'existe par soi et que tout être, toute chose dépend de multiples conditions pour exister (pages 31à 35).
(...)Dans notre vie quotidienne, nous produisons des pensées, des paroles, des actions. Chacune de nos pensées porte notre signature. (...)la pensée "juste " est une pensée issue de la compréhension, de la compassion et de la vision profonde. (...) Nos actions physiques portent également notre signature.
Ainsi, toute action que nous posons et qui contribue à protéger la vie, à apaiser la souffrance d'autres personnes et qui exprime notre compréhension et notre compassion peut être qualifié d'action juste.
(....) C'est ainsi que nous créons notre propre futur, en offrant nos meilleures pensées, nos meilleures paroles, nos plus belles actions".
Nous sommes tous des êtres uniques mais néanmoins reliés les uns aux autres par nos vies actuelles mais aussi nos vies passées, plus ou moins lointaines, parfois très lointaines.
De mon côté, optant pour une spiritualité libre et universelle, indépendante de toute religion , je dirai que "la pleine conscience" nous invite à instaurer un lien conscient avec l'essence de notre être.
Vivre en conscience serait ne jamais oublier le lien en nous entre ce que nous sommes aujourd'hui, au fil des jours et ce que nous sommes au fond de nous depuis toujours.
L'enfant intérieur décrit par Thich Nhat Han, c'est notre être profond, la partie la plus intime et spirituelle de notre âme. Aussi le lien à cet enfant intérieur est très précieux car il a pu être abimé.
Les traumatismes de la petite enfance nous font retrouver ces blessures profondes et passées. À partir, de ces "plaies," que nous réparons, nous guérissons nos maux profonds ce qui nous aident à sortir de nos blocages.
L'idée est d'examiner avec soin nos sentiments d'aujourd'hui pour l'enfant que nous avons été hier : s'agit-il de rejet, de tristesse, d'indifférence, d'oubli ou d'affection, de tendresse, d'amour, de compassion.
Parfois, c'est ici que nous avons besoin d'être accompagné pour restaurer le dialogue libérateur.
Toute notre transformation réside dans la restauration de ces liens intérieurs : " transformer mon rejet en accueil, éprouver de la compassion pour la tristesse de l'enfant que j'ai été dans telle ou telle situation, me consoler aujourd'hui de mes erreurs..."
Ces sentiments bienveillants transforment l'être dans ses profondeurs et ainsi, à la fin de chacune de nos vies, nous repartons enrichis de plus de tolérance, d'amour, de compassion...
Dans ce livre, l'idée de "l'inter-être" est intéressante car elle nous conforte dans le fait que nos liens sont bien vivants et nos ressentis les uns pour les autres légitimes, même à distance.
On naît dans la confusion et nous cherchons à en sortir, à exister dans notre individualité et en autonomie. Mais ce que Thich Nhat Han préconise c'est qu'il faut aussi accepter les liens qui nous unissent aux êtres et aux choses. Ces êtres sont tout aussi bien les personnes qui remplissent nos vies, que nos ancêtres ou nos défunts. Mais j'ajouterai aussi les êtres que l'on retrouve, parfois juste un moment, et avec lesquels on a vécu des liens dans d'autres vies et au travers desquels on continue de se transformer et de se construire, plus ou moins consciemment.
Ces liens là sont, pour moi, essentiellement d'essence spirituelle.
Aussi, peut-être nous faut-il réconforter notre enfant intérieur dont la sagesse est infinie en lui exprimant la légitimité de son ressenti, de sa tristesse et de sa solitude. C'est ainsi que l'on se relie à la vie et que nos actions deviennent plus lumineuses, porteuses de plus d'harmonie.
Peut-être s'agit-il d'un besoin de compassion, d'un besoin d'écoute, quelque part inavoué ? La sollicitude de nos êtres profonds entre eux, leur sensibilité et leur sincérité oeuvrent bien au-delà des apparences matérielles. La reconnaissance de cet état permet d'ouvrir notre conscience à l'idée que nos souffrances sont aussi reliées, nous pouvons les partager, nous ne sommes pas isolés et seuls au monde.
L'idée de ne pas être seul au monde permet de retrouver le chemin de la joie et la joie est l' essence même de la vie. Dans l'instant présent, elle devient une force qui nous transporte et il est vrai que nos actions les plus justes sont souvent les plus joyeuses.