Victor Hugo en Exil à Jersey |
poème de Victor Hugo (1802-1885) en exil à Jersey.
Je vis un ange blanc qui passait sur ma tête ;
Son vol éblouissant apaisait la tempête,
Et faisait taire au loin la mer pleine de bruit.
- Qu'est-ce que tu viens faire, ange, dans cette nuit ?
Lui dis-je. - Il répondit : - je viens prendre ton âme. -
Et j'eus peur, car je vis que c'était une femme ;
Et je lui dis, tremblant et lui tendant les bras :
- Que me restera-t-il ? car tu t'envoleras. -
Il ne répondit pas ; le ciel que l'ombre assiège
S'éteignait... - Si tu prends mon âme, m'écriai-je,
Où l'emporteras-tu ? montre-moi dans quel lieu.
Il se taisait toujours. - Ô passant du ciel bleu,
Es-tu la mort ? lui dis-je, ou bien es-tu la vie ? -
Et la nuit augmentait sur mon âme ravie,
Et l'ange devint noir, et dit : - Je suis l'amour.
Mais son front sombre était plus charmant que le jour,
Et je voyais, dans l'ombre où brillaient ses prunelles,
Les astres à travers les plumes de ses ailes.
L'île de jersey |
À la suite du coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, en décembre 1851, Victor Hugo passe à l'opposition et quitte la France. Il séjournera près de 19 ans en exil dans les îles anglo-normandes, dont trois à Jersey. Après un court passage à Bruxelles où le pamphlet "Napoléon le petit " l'oblige à quitter la Belgique, Victor Hugo débarque à Jersey le 5 août 1852. Une particularité propre à Jersey est le grand nombre de lieux mystiques (dolmens, pierres philosophales, cimetières). Victor Hugo les fréquenta assidûment pour méditer. En précurseur qu'il était, il tomba lui aussi amoureux de cette île résolument attirante.