"... Madame Bovary se donne ; emportée par les sophismes de son imagination, elle se donne magnifiquement, généreusement, d'une manière toute masculine, à des drôles qui ne sont pas égaux , exactement comme des poètes se livrent à des drôlesses... cette femme, en réalité est très sublime dans son espèce , dans son petit milieu et en face de son petit horizon... en somme, cette femme est vraiment grande , elle est surtout pitoyable , et malgré la dureté systématique de l'auteur, qui a fait tous ses efforts pour être absent de son œuvre et pour jouer la fonction d'un montreur de marionnettes, toutes les femmes intellectuelles lui sauront gré d'avoir élevé la femelle à une si haute puissance , si loin de l'animal pur et si près de l'homme idéal, et de l'avoir fait participer à ce double caractère de calcul et de rêverie qui constitue l'être parfait"."
Charles Baudelaire, l'Artiste, 18 octobre 1857.
Sublime Beaudelaire qui résume nos quatre épisodes en 10 lignes. Aucune femme ne peut résister à cette citation. Il a tout compris. Emma Bovary est un homme, c'est la part féminine de Flaubert, tiraillé entre ses instincts et sa difficulté à accéder au spirituel qu'il cherche pourtant et Maupassant lui écrit ces mots : "Monsieur Flaubert, votre patron se nomme Saint Polycarpe, un Saint bien distingué. On dit partout que c’était un brave homme. Mais il paraît qu’il n’était pas très gai." Cependant, il n'a pas la sensibilité spirituelle que Victor Hugo rencontre pendant son exil à travers son exploration de l'inconnu. Aussi, faut-il ajouter que si Emma Bovary est un homme, nous sommes tout à fait conscientes que notre Flaubert et notre Hugo sont des femmes qui, certainement, n'ont fait que décrire leur part masculine et qui ont échappé au bovarysme. Mais cela nous a fait du bien d'avoir proposé à Emma, réhabilitée dans sa dignité, une autre fin possible, plus proche des valeurs de notre XXIe siècle.