Le
petit enfant, dans son monde émotionnel, fait de nombreuses fois
l'expérience du beau, par exemple, lorsqu'il voit la neige, pour la première fois. Ces instants-là sont des moments uniques, des instants de
grâce.
Si nous perdons, plus tard, l'expérience de l'unique
enfermés dans la course à la comparaison, la compétitivité, la recherche
de la performance, nous perdons une partie de nous-mêmes.
L'intérêt
majeur d'introduire dès l'enfance le processus artistique naturel dans
la pédagogie est de pouvoir donner à l'être le sentiment de la
légitimité de son unicité.
Il ne faut surtout pas confondre le
fait d'être unique et celui d'être égocentrique. L'égocentrisme se
construit sur la peur de ne pas être aimé pour ce que l'on est. Le
sentiment d'être unique et légitime donne l'assurance de se sentir aimé tel que l'on est. On trouve plus facilement sa place dans ce monde,
avec moins de souffrances et en faisant moins de dégâts, car c'est en
étant conscient de la nécessité de notre présence indispensable que nos
oeuvres prennent plus de force. Elles sont un prolongement de
nous-mêmes, de notre être en action sur cette terre et de notre âme en
quête d'expériences et de transformations.
Plus tôt, le processus
artistique est intégré, plus vite l'être peut se faire confiance et
libérer son imagination créative. Celle-ci lui fera retrouver, à travers
la création, l'âme du petit enfant, revivre des moments uniques et
ainsi retrouver, par instant, un état de grâce originelle.
Libérer
sa créativité ne veut pas dire devenir un artiste mais exister sans
douter de sa place, en se faisant confiance, en se laissant guider par
ses émotions, ses sentiments profonds, en les écoutant. On comprend
mieux ainsi la nécessité de faire son propre chemin sans se comparer. On vit la
légitimité d'être unique en ce monde pour se construire, comme un arbre
qui s'élance relié à la terre et au ciel et qui grandit.