"L'empathie c'est, à la vitesse de l'éclair, sentir ce que l'autre sent et savoir qu'on ne se trompe pas, comme si le cœur bondissait de la poitrine pour se loger dans la poitrine de l'autre.
C'est une antenne en nous qui nous fait toucher le vivant : feuille
d'arbre ou humain. Ce n'est pas par le toucher que l'on sent le mieux
mais par le cœur. Ce ne sont pas les botanistes qui connaissent le mieux
les fleurs et les psychologues qui comprennent le mieux les âmes, c'est
le cœur. Le cœur est un instrument d'optique bien plus puissant que
les télescopes de la NASA. C'est le plus puissant organe de la
connaissance, et c'est une connaissance qui se fait sans aucune
préméditation, comme si ce n'était plus nous qui faisions attention à
l'autre, comme s'il n'y avait plus qu'une attention pure et une
bienveillance fondée sur la connaissance de notre mortalité commune.
(...) Dans L'empathie, on peut prendre soin d'autrui comme jamais il
ne prendra soin de lui-même, par une attention tendue comme un rai de
lumière, mais il n'y a aucune emprise psychique sur lui. C'est l'art
double de la plus grande proximité et de la distance sacrée."
Texte issue de "la lumière du monde" de Christian Bobin, p.16-17, ed. Folio
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Texte issue de "la lumière du monde" de Christian Bobin, p.16-17, ed. Folio