A l'infini : ici à l'image de l'âme qui, de vie en vie, revient vivre de nouvelles expériences et qui va, au travers des aléas de l'existence, se transformer.
Au-delà : pour rappeler les liens qui se tissent chaque jour entre le visible et l'invisible.
"Au delà du bien faire et du mal faire existe un espace. C'est là que je te rencontrerai. Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé." Roumi
Roumi commence par dévoiler un tableau vertigineux du devenir cosmique
de notre monde, montrant ainsi que dès 1250, bien avant Darwin, était
connue l’évolution des espèces et de l’humanité.
- "D’abord, tu fus minéral, puis tu devins plante,
ensuite tu devins animal, comment l’ignorais-tu ?
Puis tu fus fait homme, doué de connaissance, de raison et de foi,
Quand tu auras transcendé la condition d’homme,
Tu deviendras sans nul doute un ange.
Alors tu en auras fini avec la terre, ta demeure sera le ciel.
Dépasse même la condition angélique,
Pénètre dans cet océan,
Afin que ta goutte d’eau devienne l’océan !
Grâce à cela il comprend le grand secret : l’amour est en réalité l’âme
de l’univers qui a été créé par amour. Il est l’expression de l’amour
et c’est lui qui le fait vivre.
La danse des atomes, la giration des étoiles et des planètes, la montée de la vie vers la conscience,
tout est dû à l’amour :
"L’amour est un océan infini,
Dont les cieux ne sont qu’un flocon d’écume
Sache que ce sont les vagues de l’amour,
Qui font tourner la roue des cieux
Sans amour le monde serait inanimé.
Chaque atome est épris de cette perfection
Et se hâte vers elle.
A chaque instant retentit de tous côtés
l’appel de l’amour.
Si ce n’avait été par pur amour
Comment aurais-je donné aux cieux
l’existence ?
J’ai élevé cette sublime sphère céleste
Afin que tu puisses comprendre la sublimité
de l’amour.
"Noble amitié, noble amour. Heureux ceux qui connaissent les deux dans le même temps. Si l'amour enseigne le don total et le total désir d'adoration, l'amitié, elle, initie au dialogue à cœur ouvert dans l'infini respect et à l'infini attachement dans la non-possession. Les deux, vraie amitié et vrai amour, s'épaulent, s'éclairent, se haussent , ennoblissants les êtres aimants dans une commune élévation. Moment miraculeux. Si miraculeux qu'il ne saurait se lover dans la durée. Bien nombreux, se tapissant partout sont les obstacles extérieurs. L'un d'entre eux, en tant voulu, vient en interrompre le cours. Mais les êtres à l'âme élevée ne se rendent pas : ils sont aptes à transmuer l'absence en présence. Toute force oppressive a pouvoir sur les corps ; nulle ne peut emprisonner les âmes ni l'une de l'autre les séparer. N'est-ce pas précisément ce que l'on observe chez les âmes fortes : plus longue est l'absence , plus ardent devient le désir dans l'attente. Pour peu que s'offrent un jour les retrouvailles, les cœurs épris, irrépressiblement, s'embraseront."
Les vrais poètes sont les poètes de l'Etre François Cheng
Extrait de l'entretien de Francois Cheng
Mais encore : croyant ? incroyant ? Ni l’un ni l’autre : adhérent. Quelque chose est arrivé, j’y adhère.
Surtout je ne me situe pas par rapport à une institution. La voie
taoïste me permet de me situer dans un contexte vrai et large ; le fait
christique me permet de jauger les choses au niveau des êtres. J’essaie
d’intégrer tout ce qui répond à mes interrogations quelle que soit la
provenance. Elles me ramènent toujours à mes 8 ans et à l’année 1937.
J’ai compris à jamais qu’il faut tenir les deux bouts. Si on me donne
une vérité qui ne répond pas à la beauté absolue et au Mal absolu, ca ne
m’intéresse pas. Je conserve un vieux fond de vision taoïste : la Voie,
toujours. Je n’y donne pas trop de contenu mais je sais que la vie
personnelle est une aventure. Cette voie est juste, c’est un
enseignement, je lui fais confiance mais il n’est pas assez incarné. Il
n’y a pas d’autre aventure que la vie, de l’inattendu à l’inespéré, la
mort en fait partie. Par la suite, j’ai aussi rencontré la voie
christique. Le Christ a relevé le défi : il a affronté le mal absolu et
incarné le bien absolu, par le geste et la parole. J’ai les deux voies
en moi. Pas de reniement mais une sorte de continuation vers plus
d’amitié au sens où l’entend Simone Weil, d’incarnation, de geste, de
reconnaissance, de signes, d’où ma rencontre avec saint François quand
j’ai été à Assise. Mais si vous me demandez comment je conçois
l’aventure de la vie, ma réponse restera marquée par mon vieux fond
taoïste. Cette voie est fondée sur l’idée de transformation, mot-clé des Sonnets à Orphée de
Rilke. Le devenir de l’univers vivant nous dépasse, ce n’est pas à nous
d’en tirer les conclusions. A la fin de ses mémoires, Albert Schweitzer
qui était pourtant chrétien, se montrait taoïste en ce qu’il faisait
son critère de la question : est-ce dans le sens de la vie ?
(...)
C’est encore possible de s’émerveiller du spectacle du monde comme vous le faites dans vos livres ? Puisque le moindre fait divers m’empêche de dormir, vous imaginez les
massacres, les tueries de masse, les guerres… Je reçois beaucoup de
lettres de lecteurs. Hier (n .d.l.r. : début janvier), j’en ai
reçu de cinq personnes dont les enfants sont morts au Bataclan. La plus
jeune victime avait 17 ans. Je ne me permets pas de répondre par des
mots de consolation, jamais. Je n’en ai pas la qualité. Je réponds que
je communie de tout cœur avec la personne qui m’écrit et avec sa fille
ou son fils, que la lumière de sa jeune âme nous éclaire et nous guide
si on est capable de ne pas oublier. Que ce soit les gens qui m’écrivent
ou ceux qui m’arrêtent dans la rue, nul ne demande rien. Ils veulent
juste parler, me dire qu’ils ont l’un de mes poèmes à une cérémonie,
celui où il est dit qu’on n’a pas eu le temps de faire ses adieux. Nous
avons actuellement, vous et moi, un échange d’esprit à esprit qui peut
se transformer un jour en un échange d’âme à âme, quand je ne serais
plus là, que vous repenserez à notre rencontre et qu’il en restera autre
chose que ce que l’on s’est dit. Notre vraie vie, c’est l’itinéraire de
notre âme. Calligraphies de François Cheng, photo Passou, entretien avec Daniel Lefort
On imagine qu'il faut apprendre à marcher, puis à lire et à écrire en force....
Ce que l'on nie le plus souvent, par ignorance ou volontairement, c'est
que tout ceci relève d'un processus naturel et que l'art consiste à
l'accompagner.
La question de fond est de savoir pourquoi ce
processus est-il le plus souvent entravé par l'idée qu'il faille
intervenir et contraindre le jeune enfant dans ses apprentissages. C'est
une vraie souffrance pour lui qui aura des conséquences dans l'estime de soi et la confiance en soi chez l'adulte.
Aussi, c'est un devoir d'être d'une précision extrême, à
l'image d'un instrument de musique bien accordé, et de savoir ressentir dans l'être
son besoin, l'accompagner et non pas l'orienter dans un
conditionnement.
Eduquer vers la liberté d'être soi-même en
confiance, c'est de l'art, un art qui est à la portée de toutes les
personnes bienveillantes et attentionnées, mais surtout conscientes et
respectueuses de l'être en devenir.
Message de Clarissa Pinkola Estès Auteure du livre fondamental "Femmes qui courent avec les loups". (Traduction : P.Linda Steketee)
"
Mes amis, ne perdez pas courage. Nous avons été préparés pour cette
époque. De nombreuses personnes profondément et véritablement
déconcertées m’ont contactée récemment. Elles sont préoccupées par
l’état des choses qui se déroulent actuellement dans le monde. Nous
vivons une époque de stupéfaction quotidienne et souvent de colère
justifiée vis-à-vis des dernières dégradations commises contre ce qui
compte le plus pour des gens civilisés ou visionnaires. Vos
appréciations sont justes. La gloire et l’orgueil démesuré auxquels
certains ont aspiré tout en entérinant des actes si abominables contre
des enfants, des personnes âgées, des gens ordinaires, des pauvres et
des sans-défense, est à couper le souffle. Pourtant, je vous exhorte, je
vous le demande, je vous supplie, s’il vous plaît de ne pas laisser
votre esprit s’assécher en épuisant vos larmes pendant ces temps
difficiles. Surtout ne perdez pas espoir. Plus particulièrement car le
fait est que nous avons été préparés pour vivre cette époque. Oui.
Pendant des années, nous avons appris, pratiqué, attendu et été formés
pour répondre à ce niveau exact d’engagement. J’ai grandi sur les
Grands Lacs et je sais reconnaître un vaisseau qui est en état de
naviguer lorsque j’en vois un. Concernant les âmes éveillées, il n’y a
jamais eu de par le monde autant de vaisseaux à flot qu’actuellement. Et
ils sont parfaitement équipés et capables de se signaler les uns aux
autres comme jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité. Regardez
par-delà la proue ; il y a des millions d’embarcations d’âmes justes
qui se trouvent sur les eaux avec vous. Même s’il est possible que vos
coques tremblent à chaque vague au coeur de l’orage agité, je vous
assure que les grandes poutres qui composent votre proue et votre
gouvernail proviennent d’une forêt bien plus vaste. Ce bois de
construction est connu pour résister aux tempêtes, pour sa capacité à
maintenir ensemble, pour sa résistance et sa longévité, quoi qu’il
advienne. En tout temps d’obscurité, face à tout ce qui ne va pas
dans le monde ou qui semble irréparable, il existe une tendance à se
détourner vers l’inconscience. Ne vous focalisez pas là-dessus. Il
existe également une tendance à se laisser affaiblir en s’attardant sur
ce qui est hors de portée ou sur ce qui ne peut encore se produire. Ne
vous focalisez pas sur cela. C’est comme vouloir gonfler les voiles sans
les avoir hissées. On a besoin de nous, c’est tout ce que nous avons
à savoir. Et bien que nous rencontrions de la résistance, nous
rencontrerons d’autant plus de grandes âmes qui nous appelleront, nous
aimeront et nous guideront et nous les reconnaîtrons quand elles
apparaîtront. Ne disiez-vous pas que vous étiez croyants ? Ne
disiez-vous pas que vous vous étiez engagés à écouter votre voix
supérieure ? N’avez-vous pas demandé la grâce ? Ne vous rappelez-vous
pas qu’être dans la grâce signifie se soumettre à la voix supérieure ? Notre
travail n’est pas celui de réparer le monde entier en une seule fois
mais de tendre à rétablir cette part du monde se trouvant à notre
portée. La plus petite et paisible chose qu’une âme puisse faire pour en
aider une autre, pour aider une partie de ce pauvre monde en
souffrance, sera d’une aide immense. Il ne nous est pas donné de savoir
quels actes ou qui les accompliront permettant d’entraîner la masse
critique qui fera pencher les choses vers un bien durable. Pour qu’un
changement profond puisse avoir lieu, ce qui est nécessaire est une
accumulation d’actes, ajoutés les uns aux autres, continuellement. Nous
savons qu’il n’est pas nécessaire que tout le monde sur Terre participe
pour que prévalent la justice et la paix, mais seulement un petit groupe
déterminé qui n’abandonnera pas à la première, deuxième ou centième
tempête. Une des actions les plus apaisantes et puissantes que vous
puissiez accomplir pour intervenir dans ce monde tourmenté, est de vous
lever et de révéler votre âme. Sur le pont, dans les temps d’obscurité,
l’âme brille comme de l’or. La lumière de l’âme projette des étincelles,
peut envoyer des balises lumineuses, faire des signaux de feu et permet
à ce qui est juste d’être allumé. Pour que la lanterne de l’âme puisse
être vue dans des temps d’obscurité comme ceux-ci – il nous faut être
énergiques et faire preuve de miséricorde envers autrui : ce sont là
deux actes d’immense bravoure et de la plus grande nécessité. Les
âmes se débattant captent la lumière des autres âmes pleinement
éveillées et prêtes à le montrer. Si vous souhaitez aider à calmer le
tumulte, c’est l’une des plus puissantes choses que vous puissiez
accomplir. Il y aura toujours des moments où vous vous sentirez
découragés. J’ai moi aussi ressenti le désespoir de nombreuses fois dans
ma vie, mais je ne lui accorde pas de place. Je ne le nourris pas. Je
ne lui permets pas de manger à ma table. La raison est la suivante:
Au plus profond de moi, je sais quelque chose, tout comme vous le savez.
C’est qu’il ne peut y avoir de désespoir lorsque vous vous rappelez
pourquoi vous êtes venus sur Terre, qui vous servez, et qui vous a
envoyé ici. Les bonnes paroles que nous prononçons et les bonnes actions
que nous accomplissons ne nous appartiennent pas. Ce sont les paroles
et les actes de l’Un qui nous a amenés ici. Quand un grand navire
est amarré dans le port, il est en sécurité, cela ne fait aucun doute.
Mais ce n’est pas dans ce but que sont construits les grands navires. "
"Parfois ce qui se murmure en nous devient audible". L'incoercible douleur sourde et profonde se transforme en un puissant élan de vie, apparaît un Amour absolu. L'invisible et le visible se relient. L'être disparu devient pure lumière, éclatante et autonome. Son amour rayonne jusqu'au fond de nos cœurs, le remplissant de chaleur. L'espoir de ce qui vit au-delà de nos vies devient presque tangible. Mais l'univers est infini, il y a tant à faire... Laisser faire l'Amour qui réduit les distances à une omniprésence,
Laisser faire la joie un jour de pure folie où le passé s'efface dans
un éclat de rire triomphant de la mort vers une nouvelle vie.
Il
aura fallu un long chemin à Miguel pour déjouer les pièges du destin et
réaliser sa voie. Mais il ne s'agit pas seulement, pour lui, de
poursuivre l'héritage culturel familial car Miguel veut jouer de la
guitare et chanter alors que, de génération en génération, il n'y a pas
d'autre alternative dans sa famille que de devenir cordonnier.
Depuis
plusieurs générations, la musique est bannie de cette famille mexicaine
car l'arrière-arrière grand-père de Miguel a quitté sa femme et sa
fille Coco pour vivre sa vie de musicien et il n'est jamais revenu.
Face
à cette superstition qui imagine que le malheur peut de nouveau arriver
si la musique entre dans la famille, Miguel fait office de redresseur
de mauvais sort.
Il
y a toujours un enfant dans l'histoire d'une famille qui va arrêter un
transgénérationnel qui file du mauvais coton et s'obstine à certaines
croyances archaïques.
Le
caractère exceptionnel de l'histoire de Miguel est que, porté par son
irrésistible envie de jouer de la guitare, il cultive une secrète
passion pour un chanteur qui n'est plus de ce monde, mais qui garde une grande renommée, Ernesto de la Cruz. Il connaît toutes ses chansons et l'imite en regardant ses vidéos.
Dans un élan de désespoir, Miguel va décrocher la guitare de De la Cruz
dans sa sépulture pour participer à un concours de musique, sa
grand-mère venant de casser l'instrument de fortune, qu'il avait fabriqué
afin de l'en empêcher.
C'est
"el dia de los muertos" (jour de la fête des morts) qui, au Mexique, est un
jour de retrouvailles. Miguel, grâce à la magie de ce jour, va finir par
rencontrer tous ses ancêtres en traversant un pont lumineux. Si les
vivants semblaient tous prêts à entraver son destin, les défunts eux
semblent beaucoup plus entreprenants pour l'aider à réussir.
Cependant,
avant de pouvoir réaliser son rêve le plus fou, même au-delà du monde
visible, il devra faire l'expérience d'une réalité, belle et bien
terrestre, celle de la désillusion et de la machination.
Son héros n'est rien d'autre qu'un imposteur et le magnifique Ernesto de la Cruz
a deux visages et a construit tout son succès en empoisonnant
l'arrière-arrière grand-père de Miguel et en lui volant ses chansons à
succès.
A
ce stade du film, on peut être déstabilisé par un scénario si
éprouvant dans un film d'animation pour enfants. J'avoue avoir été
interpellée par la mort de cet arrière-arrière grand-père : pas de pomme
rouge à l'horizon, ni de vieille sorcière maléfique, pas de bonne fée,
rien qui puisse laisser envisager une issue différente que la fatalité à
cette dynastie de futurs cordonniers. Si dans les contes, le héros
empoisonné peut toujours, sous l'effet de l'amour, retrouver la vie et
bien là on est face à la part la plus obscure de notre humanité : Ernesto de la Cruz est un manipulateuret un assassin.
Toujours soucieuse de l'effet d'un tel message sur les enfants, je
discutais avec un jeune garçon de 7 ans qui me parlait de sa tristesse
face à la perte d'un membre de sa famille.
Je
lui demandais ce qu'il avait ressenti en voyant Miguel retrouver ses
ancêtres dans le film Coco. Et puis, tout naturellement, nous en sommes
arrivés à parler de... de...mais sur l'instant j'avais oublié le nom de
ce fameux imposteur. Et là, j'entends très clairement : "tu veux parler d'Ernesto de la Cruz qui est un menteur, qui a tué
l'arrière-arrière grand père de Miguel et qui lui a volé toutes ses
chansons pour devenir riche."
Il
ne m'a pas fallu plus d'une seconde pour comprendre que cet
enfant avait tout saisi du monde dans lequel il vivait et
peut-être l'acceptait-il avec une plus grande sagesse que moi.
Evidemment,
il suffit d'allumer la radio, de lire la presse, de regarder les infos
et d'aller au cinéma pour voir tous les Ernesto de la Cruz de nos vies
qui sont tous autant applaudis que consacrés par des médias n'ayant
jamais lu Faust.
A
défaut d'une littérature trop intellectuelle, on pourrait aussi leur
conseiller la lecture des derniers ouvrages sur les manipulateurs (Trop penser rend manipulable de Christel Petit Colin)
qui nous rappellent que ce type de personnage ne dépasse pas l'âge
émotionnel de 4 ans. Le danger vient de l'immaturité du
manipulateur qui ne mesure pas les conséquences de ses actes sur les
autres ou qui peut prendre un plaisir malsain à voir son entourage
familial, amical ou professionnel souffrir.
Au regard de l'analyse de mon jeune ami, je rajoute que c'est d'être un adulte immature avec un pouvoir et une puissance en conséquence qui est dangereux quand on ne contrôle ni sa jalousie, ni ses frustrations, ni ses pulsions de conquête.
Coco devient ici un film porteur d'un message de soutien à ces enfants qui voient plus loin que ce que l'on imagine.
Passer
l'épisode désagréable de la machination qui fout en l'air le destin
d'un homme et d'une famille sur plusieurs générations, le fabuleux
message du film Coco n'en demeure pas moins sublime. Il ne s'agit pas
comme certains ont pu le développer simplement d'une vision américaine
qui voit les riches demeurés riches et les pauvres asservis à la
pauvreté au-delà de leur mort. Limiter le message du film a cette
réalité est un peu réducteur.
Si
on accepte l'idée que notre imaginaire se poursuit après notre mort dans le monde des âmes, et bien nous pouvons tous créer la réalité qui nous
est la plus chère dans notre au-delà. On comprend ici l'importance du développement de notre imaginaire et de nos rêves. Si notre créativité s'exprime visiblement aussi au-delà de notre réalité tangible, on comprend mieux le soin à donner à la qualité de nos pensées et de nos actes ici-bas.
En
ce qui concerne le personnage d'Ernesto de la Cruz, on n'imagine très bien pourquoi il croule sous une montagne de
guitares dans une somptueuse maison à écrans plasma géants.
Mais
l'essentiel n'est pas là, on y voit avant tout l'amour que Miguel développe
en reliant les visibles et les invisibles ( si chers à Victor Hugo) afin
de libérer sa famille d'une grande méprise qui l'empêche d'être
lui-même.
En chantant "Ne m'oublie pas"
(Recuerdame), la chanson réhabilitée de son arrière-arrière grand-père, il sauve la petite Coco qui
sommeille au fond de cette grand-mère condamnée à l'immobilité physique
mais surtout aux blocages émotionnels. Il lui révèle simplement en étant
le témoin de ce pont qui existe entre les vivants et les défunts, la
magnifique dimension de la Vie. Miguel devient le lien entre Coco et son
père que la fatalité avait séparés. Avec toute sa tendresse, il démontre que l'amour n'a pas de
frontières, ni de temps, ni d'espace et qu'il suffit que les émotions
soient connectées pour que tout se répare. Cherchant à être fidèle à lui-même et surtout à sa passion, Miguel sauve à la fois Coco et son père. Il la réveille de sa léthargie. Transportée par sa joie, elle voit renaître l'amour qu'elle éprouve pour son père. L'arrière-arrière grand-père échappe ainsi
à l'oubli et demeure immortel car "Ceux qui disparaissent vraiment dans le ciel sont ceux qu'on oublie sur terre".
Coco
est un film d'animation propre au génie de Pixar poétique rempli de réalisme et d'humour, mais surtout c'est
un film audacieux qui nous révèle la complexité de ces liens invisibles et familiaux qui tissent nos
vies et sans lesquels nous ne sommes pas tout à fait accomplis, ni tout à fait nous-mêmes.
Le mot confinement contient l’adverbe finement. Le confinement pourrait donc signifier « être ensemble finement », voire « vivre ensemble finement ».
Inutile de consulter un dictionnaire : qui dit finement veut dire penser ou faire des choses avec finesse. Quelles sont les choses qu’on peut et doit faire avec plus de finesse ? Notre réponse : mais tout ! Nous n’oublions pas que nous sommes venus au monde en parfait ignorant et que nous avons dû apprendre les usages terrestres à partir de zéro. À commencer par apprendre à nous tenir debout, puis à avancer pas à pas vers l’espace qui s’ouvre devant nous. Sauf chez les plus doués d’entre nous, d’une façon générale, nos postures et nos comportements, autrement dit notre manière d’être, sont empreints de gaucherie et de maladresse ; il y manque trop de la grâce pour que nous soyons à même d’entrer en résonance avec l’invisible Souffle rythmique qui anime l’univers vivant. Nous sommes en quelque sorte d’éternels apprentis, d’éternels amateurs. Il y a toujours lieu d’améliorer notre approche de la vie, avec plus de lucidité et de finesse. Le confinement obligatoire nous en donne l’occasion.
D’abord, dans notre rapport avec les choses qui nous entourent. Il fut un temps où l’humanité était plus humble, plus patiente. Elle chérissait les choses qui étaient à son service. Elle en connaissait le prix, éprouvait à leur égard de la gratitude. Il s’établissait entre les humains et les choses un lien de sympathie, pour ne pas dire de connivence. On gardait les choses le plus longtemps possible, même quand elles étaient rongées d’usure. On rapiéçait les chaussettes, on ravaudait les chemises, on réparait les porcelaines fêlées, on entretenait avec vénération les meubles légués par les aïeux. Ainsi traitées, les choses prenaient un aspect personnel, revêtaient un coloris intime. Mais depuis une ou deux générations, nous assistons à l’avènement du jetable. Du coup, nous n’entretenons plus le même rapport avec les choses. Les traitant de haut, nous ne leur portons ni attachement ni affection. Elles sont usées par nous, dans l’indifférence. Arrive le moment où elles se montrent moins efficaces, nous les fourrons sans ménagement dans le sac-poubelle. Hop là, un bon débarras ! Ni vu, ni connu. Tout cela ne nous éduque pas dans le sens de l’attention du respect, encore moins de la douceur et de l’harmonie. Il arrive bien souvent qu’inconsciemment, aux heures de nos désœuvrements, nous nous agacions de la présence des choses, parce qu’elles nous renvoient l’image de nos propres désarrois.
Le confinement est l’occasion de réapprendre la valeur des choses qui nous entourent. Celles-ci, nous le savons, ont une âme, même un bout de ruban, même une épingle. Elles ont acquis une âme, pour avoir été les témoins de notre vie. Elles conservent précieusement nos souvenirs, que nous avons relégués aux oubliettes. Elles peuvent nous être d’un soutien secourable si nous consentons à en faire des interlocuteurs valables. Elles sont là, pour nous rappeler que la vie n’est pas forcément un gâchis total. Elles sont là pour nous appeler à la fidélité. Après notre rapport avec les choses, venons-en à celui, plus complexe, que nous entretenons avec les êtres. Le confinement crée des conditions pour vivre en compagnie des êtres qui nous sont chers, nuit et jour, sans une seconde de séparation. Au lieu de nous en réjouir, nous voilà paniqués. Jusqu’ici en effet, nous n’avons pas conçu la vie ainsi ; chacun a ses occupations, jouit des possibilités d’évasion. On découvre, effarés, qu’un tête-à-tête permanent est un casse-tête, que trop de promiscuité tue la vraie intimité. On en vient à avoir la nostalgie d’une certaine distanciation. Or, justement, en même temps que le confinement, on nous recommande de garder une « distance sociale », et si possible de ne pas se toucher. Cette situation, apparemment contradictoire, nous incite à une réflexion plus fine. Dans notre société, les sentiments d’affection s’expriment par un ensemble de paroles et de gestes très démonstratifs, une effusion ignorant les barrières. On s’adore, on s’embrasse, on baigne sans répit dans une mare de sentimentalité. C’est certes tout ce qu’il y a de positif. Sauf qu’en vase clos, pour peu que survienne un accroc, ces mêmes paroles et gestes, prononcées, effectués machinalement, ou devenus trop envahissants, étouffants, dégénèrent en chamailleries, quand ce n’est pas en violence. Me revient alors en mémoire l’injonction de Confucius qui prônait dans les relations humaines, le « li », terme qu’on peut traduire par « le rituel du respect mutuel », un rituel fondé sur le principe de la distance juste. Selon le sage, seul ce principe permet de rendre durable l’attachement le plus profond. À partir de ce principe d’ailleurs, ses disciples conseillaient d’introduire dans le lien conjugal une forme d’amour courtois où chaque conjoint traite l’autre en hôte d’honneur. Les circonstances actuelles, pleines de paradoxe, me poussent ici à rappeler ce que Confucius avait proposé, 2 500 ans auparavant ; mais je mesure parfaitement ce qu’il peut y avoir d’inconcevable pour les gens d’aujourd’hui. Après le rapport avec les choses et les êtres, comment ne pas aborder enfin le rapport avec soi-même. Dans le confinement, le sentiment qui domine chez chacun est la peur de se trouver seul à seul avec son ombre. Inévitablement, nous pensons à notre cher Pascal qui déplore que l’homme ne sache pas demeurer dans une chambre ; en proie au divertissement, il cherche à se fuir pour ne pas
dévisager le destin, le sien. Entre quatre murs où rien d’inespéré ne
peut advenir, quel mortel ennui ! Pourtant, la chambre peut contenir
plus de présence et de richesse qu’on imagine. Il y a la mémoire de
notre passé chargé d’orages, de remords, mais également de moment de
félicité, il y a le présent à méditer et à métamorphoser, un présent
bouleversé cette fois-ci par les actes héroïques des soignants et de
tous ceux qui aident ; par les SMS reçus, qui donnent lieu à un
authentique partage dans l’épreuve ; il y a le futur à préparer, un
futur ouvert qui ne sera plus comme avant.
À ce point de réflexion, l’idée me vient d’évoquer un épisode dans la vie de Jakob Böhme, le grand mystique du XVIIe siècle. Un après-midi de solitude dans son sombre logis, il voit un rayon de lumière qui entre par la fenêtre et qui s’attarde sur un ustensile en étain. L’humble objet renvoie des reflets irisés. Soudain, il est ému jusqu’aux larmes et, empli de gratitude, il tombe à genoux. Un matérialiste pur et dur viendrait nous expliquer doctement que tout cela relève de la loi physique, qu’il n’y a vraiment pas de quoi s’émouvoir là-dessus. Mais Böhme voit autre chose, il voit qu’au sein de l’éternité, en ce coin perdu de l’immense univers apparemment muet et indifférent, un instant de miracle a lieu, ce rayon de lumière qui vient iriser l’après-midi terrestre où un humain anonyme, poussière d’entre les poussières, a pu capter la scène et, avec son œil ouvert et son cœur battant, être submergé par l’émotion. Qui peut expliquer cet insondable mystère ? Il n’y a peut-être rien à expliquer. Il y a la vie qui est là, miraculeusement là, à recevoir comme un don inouï. Chacun dans sa chambre, à sa manière unique, doit se tenir prêt à accueillir le rayon de vie qui se donne là, comme un ange annonciateur, comme un hôte d’honneur."
FRANÇOIS CHENG, texte publié dans le Figaro, mai 2020.
"Vous pouvez être défectueux, anxieux et parfois irrité, mais n'oubliez pas que votre vie est la plus grande entreprise du monde. Vous seul pouvez l'empêcher de décliner. Nombreux sont ceux qui vous apprécient, vous admirent et vous aiment. Et tu ne sais pas mais il y a des gens pour qui tu es spécial. J'aimerais que vous vous rappeliez qu'être heureux, ce n'est pas avoir un paradis sans tempête, une route sans accident, un travail sans fatigue, des relations personnelles sans déceptions. Être heureux, c'est trouver la force dans le pardon, l'espoir dans les batailles, la sécurité dans la boîte de la peur, l'amour dans les désaccords. Être heureux, ce n'est pas seulement valoriser le sourire, c'est aussi réfléchir à la tristesse. Il ne s'agit pas seulement de commémorer le succès, mais de tirer les leçons de l'échec. Ce n'est pas seulement avoir de la joie avec les applaudissements, mais avoir de la joie dans l'anonymat. Être heureux, c'est reconnaître que la vie vaut la peine d'être vécue, malgré tous les défis, la tristesse, les malentendus et les périodes de crise émotionnelle et économique. Être heureux n'est pas un destin, mais une conquête pour ceux qui savent voyager dans leur propre être. Être heureux, c'est cesser d'être victime de problèmes et devenir acteur de votre propre histoire. C'est traverser des déserts hors de soi, mais pouvoir trouver une oasis au plus profond de notre âme. C'est remercier Dieu chaque matin pour le miracle de la vie. Être heureux, ce n'est pas avoir peur de ses propres sentiments. C'est savoir parler de soi. C'est avoir le courage d'entendre un «non» même de la part de ceux que vous aimez. C'est avoir la sécurité de recevoir des critiques, même si c'est injuste. C'est embrasser les enfants, chouchouter les parents, avoir des moments poétiques avec des amis, même s'ils nous blessent. Être heureux, c'est laisser vivre la créature libre, heureuse et simple qui vit en chacun de nous. C'est avoir la maturité de dire «j'avais tort». C'est avoir l'audace de dire «pardonnez-moi». C'est avoir la sensibilité d'exprimer «J'ai besoin de toi». C'est avoir la capacité de dire «je t'aime». Que votre vie devienne un jardin d'opportunités pour être heureux ... Puissiez-vous être un amoureux de la joie dans vos sources. Puissiez-vous être un ami de sagesse et de paix pendant vos hivers. Et lorsque vous vous trompez en cours de route, vous recommencez. Eh bien, vous serez plus passionné par la vie. Et vous découvrirez qu'être heureux, ce n'est pas avoir une vie parfaite. Mais utiliser des larmes pour tolérer l'eau. Utilisez les pertes pour affiner votre patience. Utiliser les fallas pour sculpter la sérénité. De la douleur au plaisir de la pierre. Utilisez des obstacles pour ouvrir les fenêtres de l'intelligence. N'abandonnez jamais ... N'abandonnez jamais les gens que vous aimez. N'abandonnez jamais d'être heureux, car la vie est un spectacle à ne pas manquer! »
Nous
sommes tous des êtres uniques reliés les uns aux autres
par nos vies actuelles mais aussi nos vies passées, plus ou moins
lointaines, parfois très lointaines.
Aujourd'hui "la pleine conscience" nous invite à instaurer un lien conscient avec l'essence de
notre être.
Vivre en conscience serait ne jamais oublier le lien
en nous entre ce que nous sommes aujourd'hui, au fil des jours et ce que
nous sommes au fond de nous depuis toujours.
L'enfant
intérieur décrit par Thich Nhat Han, c'est notre être profond, la
partie la plus intime et spirituelle de notre âme. Aussi le lien à cet enfant
intérieur est très précieux car il a pu être abimé.
Les
traumatismes vécus dans la petite enfance nous font retrouver ces blessures
profondes et passées. Elles se réveillent de façon cyclique dans la vie plus ou moins douloureusement. Quand le malaise se réveille que nous prenons consciences de la nécessité de guérir.
L'idée est d'examiner avec soin nos sentiments
d'aujourd'hui pour l'enfant que nous avons été hier et de comprendre les blessures : s'agit-il de
rejet, de tristesse, d'indifférence, d'oubli, de peur, de frustration, de culpabilité...
Parfois, c'est ici que nous avons besoin d'être accompagné pour restaurer le dialogue libérateur.
Toute
notre transformation réside dans la restauration de ces liens
intérieurs : " transformer mon rejet en accueil, éprouver de la
compassion pour la tristesse de l'enfant que j'ai été dans telle ou
telle situation, me consoler aujourd'hui de mes erreurs..."
Il s'agit de réconforter notre enfant intérieur dont la
sagesse est infinie en lui exprimant la légitimité de son
ressenti, de sa tristesse et de sa solitude. C'est ainsi que l'on se
relie à la vie et que nos actions deviennent plus lumineuses, porteuses
de plus d'harmonie.
Ces
sentiments bienveillants transforment l'être dans ses profondeurs et
ainsi, à la fin de chacune de nos vies, nous repartons enrichis de plus
de tolérance, d'amour, de compassion...
Pour Catherine Gueguen, pédiatre et spécialiste des neurosciences, l'enfant doit être entouré de personnes chaleureuses et bienveillantes et baigné dans l'empathie afin d'assurer un bon développement de son cerveau et par la suite de ses apprentissages.
Elle explique que toutes les grandes peurs de l'enfant sont enregistrées dans l'amygdale de son cerveau de façon inconsciente et qu'il devrait être interdit de faire peur à un enfant.
L'humiliation, la critique et la dévalorisation produisent chez l'enfant des troubles de comportements. Il faut comprendre que le cerveau de l'enfant est immature et qu'il ne peut pas gérer ses émotions. C'est donc à l'adulte d'apporter à l'enfant cette sécurité par la bienveillance, la chaleur et l'empathie.
A ce propos, on peut réécouter les mots de Christian Bobin dans son livre la lumière du monde, cet auteur a un rapport à l'enfant et au petit enfant qui répond parfaitement à ce que décrit Catherine Gueguen. Pour lui, le petit enfant est une source de sagesse infinie et avec sa sensibilité habituelle, il y détecte l'âme qui, encore proche du ciel, nous dévoile un peu de l'infini amour de l'univers. Le monde intérieur de l'enfant et du petit enfant est comme un trésor enfoui au fond de l'océan. Il est noyé dans une société qui n'a plus la patience d'écouter et ne parvient que rarement à entendre les besoins des jeunes enfants.
Pourtant, c'est bien ici que se situe un des plus grands changements. "Si la manière dont nous parlons à nos enfants devient leur petite voix intérieure", ils deviendront eux mêmes bienveillants, chaleureux et empathiques dans leur vie.
Pour Christian Bobin, "On a été élevé par des gens qui ont été des enfants c'est donc leur enfance à eux qui nous élève." Sans un retour à soi pour guérir ses peurs, ses traumatismes et ses propres blessures, on ne fait que reproduire ce que l'on a vécu enfant. Très souvent, en examinant nos comportements avec sincérité et transparence, on peut s'apercevoir que certains d'entre eux ne sont, envers les enfants ou même envers les adultes, que la reproduction, sous une forme différente, de ce que nous avons vécu dans notre enfance. A ce stade de l'observation, Catherine Gueguen rappelle la plasticité de notre cerveau qui peut résilier à tous moments dans notre vie et nous libérer de nos blessures anciennes, parfois en ayant recours à une démarche thérapeutique.
Devant l'importance du message, on peut penser à cet astronome, dans le Petit Prince, qui avait dû changé de costume pour se faire entendre.
Le discours de Catherine Gueguen est tellement empathique et surtout teinté de coeur et de bon sens que l'on se demande comment, à notre époque, il n'est pas présenté comme une référence incontournable dans le domaine de l'éducation des jeunes enfants.
Toutes les données scientifiques et les découvertes récentes en neurosciences démontrent l'indispensable nécessité de l'empathie et de la bienveillance.
Alors maintenant, que la science démontre les besoins fondamentaux du cerveau de l'enfant, on peut entendre ce que d'autres personnes, en d'autre temps, avaient déjà démontré sous une autre forme pour attribuer au petit enfant une importance capitale et surtout une éducation empathique et bienveillante qui nourrit à la fois le coeur, la tête et l'âme.
Les bébés, comme nous le rappelle Christian Bobin, sont "à la fois dans le jeu et dans la pensée la plus
insoutenable sagesse. C'est étrange qu'ils viennent nous donner des nouvelles
des étoiles et qu'ils puissent s'amuser avec un petit bout de ruban qui
dépasse de leur couffin".
Mais l'histoire montre qu'il s'agit toujours d'une question de costume. Enveloppée du costume scientifique, la démonstration est toujours mieux entendue. L'essentiel est évidemment de faire passer le message au plus grand nombre. C'est ainsi que sont "les grandes personnes", nous rappelle l"aviateur de Saint Exupéry qui voit le monde d'en haut et finit par rencontrer le Petit Prince.
Pourtant plus le petit enfant évoluera dans un environnement qui saura l'entendre
et plus il sera un adulte capable de répondre avec justesse aux besoins de ses
enfants et de s'adapter à son monde.
On rejoint ici André Stern, dans son dernier ouvrage "Jouer" et son écologie de l'enfant, qui pose un regard très contemporain sur les besoins du jeune enfant. A la bienveillance et l'empathie, André Stern rajoute le besoin insatiable de jouer qui permet à l'enfant de se construire intérieurement en confiance. Il est donc indispensable de considérer le jeu libre du petit enfant comme un besoin humain. Il faudrait même en faire un devoir de l'adulte envers l'enfant.
Bien sûr, il ne s'agit pas de répondre sans contrainte à toutes ses demandes mais de pouvoir donner des repères ajustés aux réalités vécues. Comme nous le rappelle, Christian Bobin, dans la lumière du monde, n'oublions pas, avant toute chose, d'écouter la sagesse des plus petits :
" J'ai causé l'autre jour avec un bébé. Il avait les tout petits sourcils froncés de la pensée qui ridaient son front comme de l'eau. Ses petites mains, affairés autour des lacets de ses chaussures, étaient aussi belles qu'un moineau. Ses doigts minuscules avec des ongles légers comme de tout petits pétales de fleurs, environnés par l'immensité du cosmos, le tout petit escargot de ses lèvres et ce regard limpide parfois zébré par la gravité d'une pensées. Les nouveaux nés sont des êtres qui font front, comme dans une guerre. C'est peut-être pour ça qu'ils me bouleversent plus que n'importe quelle oeuvre d'art."