Le Mont Lu. |
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Le poète sait qu'il cherche à rencontrer la montagne afin d'en vivre la beauté, il est aussi l'interlocuteur attendu. »
Cinq méditations sur la beauté, F Cheng.
Toutes les émotions expriment un besoin de dialogue.
L'épreuve est vraiment de ne pas se laisser happer par l'obscurité qui pourrait aigrir nos pensées et voiler la lumière. Même derrière les nuages, même dans la nuit, la lumière est toujours là. J'aime beaucoup l'idée de la beauté naturelle car elle est le divin même. Dans son texte, F. Cheng nous invite à cette contemplation du Mont Lu. Il est vrai qu'il apparaît comme une image surnaturelle, une élévation instantanée. Elle vient nourrir le fond de notre être, nos profondeurs. C'est bien dans nos profondeurs que nous pouvons retrouver la paix et le lien à la lumière.
Depuis quelques jours, je suis interpellée par un sentiment, comme si toutes les consolations qui d'habitude coulent de source les sourires, les joies simples du quotidien, les surprises... étaient difficiles d'accès. Il n'est pas nécessaire de décrire ce qui se voit et qui est partout en ce moment. Mais il est important de ne pas se laisser happer par les images, les discours et la confusion générale.
J'aimerai prendre une image, celui du pèlerin face au Mont Lu, pour exprimer comment s'accompagner sur ce chemin.
La montagne mystique de F. Cheng, le Mont Lu, est dans la brume. Si je contemple ce paysage, je peux être facilement transporté par lui, sa beauté insaisissable. Cependant, en ce moment, ce sentiment de transport est bloqué et je peux être surpris de ne pas le sentir, de ne pas en trouver de joie indicible face à cette beauté, ou encore de me sentir à distance. C'est un peu comme si j'étais mis à l'épreuve de ne pas perdre le chemin dans la brume qui me fait sentir la présence de la montagne. Si je gravis la montagne, je m'élève. Si je doute de sa présence, si je me décourage devant la difficulté à la voir, je reste dans la brume.
En traversant, cette période difficile, nous sommes un peu comme un pèlerin obligé de gravir la montagne dans la brume, sans pouvoir apercevoir les hauteurs ou parce qu’elles nous semblent inaccessibles.. Cependant, ce pèlerin sentira sous ses pas le sol et les efforts qu'il est contraint de faire pour monter, il sentira son souffle s'ajuster, il apercevra par moment partiellement le rocher qui se hisse vers le sommet. Sa patience et son endurance seront testés. Au final, il aura parcouru avec courage et non sans amour pour lui un long chemin, pressentant la beauté (le divin) sans jamais en avoir la certitude.
C'est un peu comme cela que nous cheminons en ce moment. L'horreur et la barbarie essaient de nous en éloigner. Cependant, à l'image du pèlerin qui gravit, sans douter, avec courage et espoir le Mont Lu, nous pouvons trouver en nous les forces pour s'élever. A Chacun d'imaginer, une fois le sommet atteint et la brume dissipée, ce qu'il pourra y trouver car il sera dans son entière liberté, accueillant le goût de l'expérience transcendante venant nourrir son chemin unique et parfois solitaire (comme c'est le cas dans les moments où l'on traverse certains états émotifs seul. Mais n'oublions pas que la solitude nous propose ici la rencontre de notre "seule vérité", celle que nous sommes et que nous désirons plus que tout rencontrer.