En
s'appelant, Chance Chanceuse, Lucky Luke ou Luck, ne peut être finalement que
le garçon le plus cool sur cette planète. De quoi a-t-il peur ? Il tire
plus vite que son ombre, qu'il a totalement apprivoisée au point
même d'avoir pris le dessus sur elle. Il a un cheval, Jolly Jumper, qui
se poile à se rouler par terre si le coeur lui en dit. Il s'est donné
une direction et il s'y tient. Pour lui, ce qui compte c''est sa
mission, celle qu'il sait juste au fond de lui. C'est un solitaire,
mais il en connaît tous les secrets parce qu'en fait il a accepté d'être
un homme libre et universel. Son universalité, il n'en parle jamais car
il a compris que c'est dans le secret qu'elle sera le mieux protéger.
Il a accepté de devenir le justicier des causes perdues et il s'amuse de
loin avec ses gredins d'ennemis pour qui il a une affection sincère. Il
ne veut pas se l'avouer mais, dans son monde, en fait, il a une chance
inouie : les bons sont bons, et les méchants toujours méchants. Aussi,
est-il certain des liens qui se tissent entre les personnages de sa
vie.
A
la fin de chaque histoire, il reprend son chemin sans hésitation, sans
attache et sans illusion. Il sait que le chemin se poursuit ainsi,
regardant avec Jolly jumper le coucher de soleil au loin vers ses lointaines
montagnes. Ce solitaire légendaire est en fait un grand sage. Il a tout
compris des méandres de la vie, il reste fidèle dans son coeur et
n'avoue jamais à qui il appartient. C'est mieux ainsi, car il est sûr de
ne pas trahir. Pour Lucky Luke, la loyauté est un point d'honneur et
elle n'a pas de prix. Il sait pourtant qu'il lui faut parfois
s'approcher d'histoires tordues et dangereuses mais il n'aime pas jouer
sur deux tableaux à la fois. De jour comme de nuit, il est égal à
lui-même, il ne joue aucun rôle à part le sien. Son esprit pionnier et
aventurier l'a poussé à croire au soleil qui se couche dans le far west. Oui, il croit à la vie et il veut qu'elle circule le plus vite possible ; par poney express, par télégraphe et aussi by train. C'est un homme sans frontière, profondément humain, cela se
voit car il est toujours fair-play. On aime sa mèche qui tombe
sur ses yeux pour cacher ses moments d'émotions et aussi les cliquetis
de ses étoiles accrochées à ses bottes qui nous rappellent sa nature, un
vrai cow-boy. Les cows-boys, en principe, ils sont souvent rustres à
l'image des saloons malfamés. Mais lui, pas du tout, on sent en lui se
dissimuler une subtilité hors du commun et une finesse de circonstances
pour analyser les situations. Ce qui est désolant, c'est qu'il a
toujours une cigarette aux lèvres, il fume certainement trop. Mais
pourquoi ? Peut-être n'entend-t-il pas la tristesse de ses poumons ?
C'est sûrement son seul défaut. Cette tristesse, il ne veut pas s'en
occuper car il a une bien trop grande profondeur, il n'en retrouve pas
souvent un écho dans ce monde. Aussi, se retire-t-il très vite dans ses
montagnes solitaires, car là-bas, dans le silence, il entend la
réponse, celle qui le réconforte, qui ne le déçoit jamais. Il revient
toujours, cependant, car sa mission n'est pas encore achevée et elle a
encore tellement de choses à lui apprendre.
A long way...a long life...