samedi 1 octobre 2016

La réponse d'Elvire



 Une magnifique lettre reçue le 30.09 qui m'a beaucoup touchée et que l'auteure m'a autorisée à partager. Je la remercie car elle donne du sens.
 Chère Native,
Votre lettre portée par les anges est arrivée jusqu’à ma lointaine retraite, j’entends bien votre appel à ma personne lancé par-delà les espaces et par de-là le temps et je vous remercie de venir ainsi me déranger. Votre voix est la claire musique d’un ressac qui bat depuis longtemps mes murailles de pierre. Ainsi, le va et vient des vagues, laisse à travers vos mots, émerger son limpide message. Il est une invitation et ma plume vous y répond. Vous m’invitez à revenir au monde, à reprendre conscience du mouvement et du flux de vie qui traverse mes fibres. Et vous avez raison. Sur cette scène où chaque jour se lève, il me faut désormais m’aventurer dans la lumière et donner la réplique. Je ne pouvais cependant m’y résoudre sans y avoir été invité. La porte du couvent est lourde à pousser et l’obscurité devenue rassurante, les doutes nous retiennent comme des racines profondes et chaque pas, croyez-le est un arrachement. Mais dehors, je l’entends, le vent bruisse dans les arbres, l’eau murmure et la vie bouge comme une tâche de soleil dans le sous-bois. C’est une jeune femme qui était entrée en ces lieux de recueillement, c’est désormais une vieille âme qui revient. Vieille, parce que le temps a accompli son œuvre, vieille parce que l’errance au labyrinthe fut longue, vieille encore, de tout ce qu’il a fallu perdre, la beauté, la jeunesse, l’or brillant du désir, l’insouciance légère, jusqu’au  plus ténus des espoirs, jusqu’à la poussière des rêves. C’est une femme usée qui entre en scène, dont la marche est incertaine et la parole faible. Elle n’a jamais été aussi pauvre, et pourtant, elle n’a jamais été aussi riche. Cependant, cette richesse est encore enfermée dans un coffret dont elle a perdu la clé. Mais l’autre n’est-il pas une clé ? L’invitation n’est-elle pas déjà une ouverture ? Ce couvent, ce lieu de recueillement n’est-il pas déjà dans le monde de toute éternité ? Vous écrivez à une morte et c’est une vivante qui répond car la Vie contient toute chose, même la mort. Chaque fois que l’on tend la main, c’est le vivant qui l’attrape car le vivant veut vivre. Nous finirons tous par pousser la lourde porte pour laisser sortir l’être blessé, trahi, humilié et vaincu. L’être défait. Cette défaite n’est pas un échec, en vous le disant, c’est à moi-même que je le dis, cette défaite n’est pas une victoire, c’est l’abandon des attachements et des illusions, cette défaite est notre liberté.

L’ancienne Elvire adopte un nouvel ordre, car désormais Elle revit !
Bien à vous et merci