Il est 9h50 dans le cour de français de Mr Truc... du lycée Arthur Rimbaud :
- "ça fait 50 min qu'Emma Bovary n'en finit plus de mourir, vivement la sonnerie."
Pas beaucoup d'espoir. La pauvre Emma qui vient d'avaler un flacon d'arsenic, s'éteint de ligne en ligne dans d'atroces souffrances.
À 15 ans, en seconde c'est Flaubert, et Emma Bovary c'est lui. Mais c'est aussi, Mr Truc...., le prof de français car il insiste tellement sur ce passage que l'on sent bien un mélange d'admiration et d'empathie désespérée pour Emma. Il ne dit pas voilà où vous mènera l'illusion, mesdemoiselles, mais on l'entend quand même.
Rodolphe, lui, il est aussi dans les couloirs du lycée. Il est charmant, pas trop charmeur et toutes les filles sont à ses pieds. À chaque récré, il cherche la part d'Emma Bovary en chacune d'elles, mais il en oublie la sienne.
Emma, la vraie, a succombé à son charme. Elle souffre, la pauvre, d'un mortel ennui dans sa campagne normande et d'un manque d'amour inouïe dans son cœur fissuré depuis l'enfance. C'est une proie facile. Elle se perd dans le dédale de ses rêves, se projetant vers un idéal illusoire qui sera son unique espoir et puis son dernier désespoir.
Son
dernier désespoir, c'est comme ça que commence le
film de Sophie Barthes, à 9h50, 30 ans plus tard dans une salle de
cinéma. Cette fois, la prof de français, une délicieuse personne,
accompagne sa classe de seconde pour lui faire découvrir l'oeuvre de Flaubert.
- "ça fait 50 min qu'Emma Bovary n'en finit plus de mourir, vivement la sonnerie."
Pas beaucoup d'espoir. La pauvre Emma qui vient d'avaler un flacon d'arsenic, s'éteint de ligne en ligne dans d'atroces souffrances.
À 15 ans, en seconde c'est Flaubert, et Emma Bovary c'est lui. Mais c'est aussi, Mr Truc...., le prof de français car il insiste tellement sur ce passage que l'on sent bien un mélange d'admiration et d'empathie désespérée pour Emma. Il ne dit pas voilà où vous mènera l'illusion, mesdemoiselles, mais on l'entend quand même.
Rodolphe, lui, il est aussi dans les couloirs du lycée. Il est charmant, pas trop charmeur et toutes les filles sont à ses pieds. À chaque récré, il cherche la part d'Emma Bovary en chacune d'elles, mais il en oublie la sienne.
Emma, la vraie, a succombé à son charme. Elle souffre, la pauvre, d'un mortel ennui dans sa campagne normande et d'un manque d'amour inouïe dans son cœur fissuré depuis l'enfance. C'est une proie facile. Elle se perd dans le dédale de ses rêves, se projetant vers un idéal illusoire qui sera son unique espoir et puis son dernier désespoir.

Emma court
sur un chemin dans la forêt. Elle tombe et meurt après quelques
gémissements, un petit flacon vide dans la main droite.
Au
moins, le
décor est posé, pour celles et ceux qui ne connaissaient pas l'histoire.
Mais au XXIe siècle, sans n'est fini de l'agonie interminable.
Aucun
bruit dans la salle, la vie d'Emma défile en rétrospective : le rêve,
l'illusion, l'ennui, la folie, le désespoir. Rien, sous la main qui
puisse partir, pour elle, à travers la campagne, et au-delà
des routes boueuses, comme messager portant en son sein la phrase
miraculeuse : "...hobby.....vous êtes mon seul espoir !"
En
effet, des hobbies, Emma, elle en manque un peu. Elle tourne en rond
dans sa maison, dans l'humidité grisâtre de la Normandie et l'histoire
est résumée ainsi :
"Emma Rouault, fraîchement sortie du couvent, a épousé Charles
Bovary, un médecin de campagne qui se réjouit d’avoir trouvé la compagne
parfaite. Emma occupe ses journées à aménager sa nouvelle demeure,
dessine, joue du piano et reçoit avec élégance les visiteurs. Cette vie
monochrome auprès d’un époux sans raffinement est bien loin des fastes
et de la passion auxquels elle aspire. Ses rencontres avec M. Lheureux,
habile commerçant, le Marquis d’Andervilliers, et Léon, jeune clerc de
notaire, vont rompre la monotonie de son existence.

Emma,
jouée par Mia Wasikowska, ne connaîtra jamais Rodolphe. Il a disparu en
2015. Mais le réalisme impitoyable de Flaubert sévit, quand même dans
le film, notamment dans la scène de la chasse à cour. Le Marquis
d'Andervilliers tue, sous les yeux d'Emma, un magnifique cerf et essuie
son coupeau ensanglanté sur le tronc d'un arbre. La pauvre femme, déjà
séduite par ses doux yeux, frissonne de dégoût et d'effroi. C'est à ce
moment là qu'on déteste Flaubert et son réalisme qui ne laissent aucune
place aux rêves.

Notre Belle Emma, dans les griffes de son amant, s'enfonce peu à peu dans l'illusion, mais qu'en est-il de Flaubert au même moment ?
Suite au prochain épisode...
Aufélie Blanchard et Native Ellerkamp