jeudi 24 mars 2016

Le temps de la contemplation ou un bout du secret du monde

"Mon destin aura été de vivre célèbre et ignoré , je ne suis connu que de l'inconnu."
Victor Hugo

J'ai appris récemment que Victor Hugo avait été très critiqué par de nombreux hommes de lettres au cours du XIXe et XXe siècle (Jules Lemaître, Emile Faguet, etc.). Ils reconnaissaient la forme sans en saisir la profondeur du fond qu'ils trouvaient creux. Mais à travers, les mots d'Henri Guillemin, une vérité est rétablie : 

"La forme dépend du fond. La métaphore est la trajectoire" : Victor Hugo croit à une analogie entre le monde visible et le monde invisible.
C'est une méthode perforante pour atteindre le secret du monde.
Les mots sont la chair de l'idée et cette chair vit.
Mais le mot est aussi un son. Il y a le sens et le son. Le son d'un mot comporte autour de lui des harmoniques. Autour d'un mot, il y a une aura audible et cette aura possède une puissance de suggestion et d'évocation bien supérieure au simple pouvoir de désignation que le dictionnaire confère au mot."
 Je rajoute, pour ma part, pour tous ceux qui jugent trop vite la sensibilité d'un style qualifié "
de creux",  qu'ils devraient chercher la part d'invisible non perçue afin de ne pas passer à côté d'un bout du secret du monde : 

"Le coeur est la grande prunelle, il y a une pensée au-delà de la pensée. L'intuition est la vigie de la raison, l'espérance a les yeux plus ouverts que l'algèbre, il y a une opiniâtreté insubmersible du moi, et ce que je rendrais à la tombe je sais que ce n'est pas moi."
Victor Hugo.

Henri Guillemin conclut ainsi son exposé :
"Hugo a la même pensée que Pascal, même pensée que Rousseau : 
Si le spectacle de la nature n'indique pas que Dieu existe, il suffit à l'homme de rentrer en lui-même pour sentir, pour pressentir au moins qu'il a au fond de lui, au centre de lui, dans sa substance même une présence".