jeudi 13 septembre 2018

Retrouver la joie...


       Je parcours avec beaucoup d'intérêt et de respect le livre de Thich Nhat Hanh, grand maître bouddhiste, intitulé "prendre soin de l'enfant intérieur", faire la paix avec soi.
Dans ce livre, il y a un point qui m'a éclairé, c'est celui des liens " inter-être" :

"Le terme inter-être est cher à Thich Nhat Hanh ; il utilise très fréquemment pour illustrer que tout dans l'univers est relié, que rien n'existe par soi et que tout être, toute chose dépend de multiples conditions pour exister (pages 31à 35).

(...)Dans notre vie quotidienne, nous produisons des pensées, des paroles, des actions. Chacune de nos pensées porte notre signature. (...)la pensée "juste " est une pensée issue de la compréhension, de la compassion et de la vision profonde. (...) Nos actions physiques portent également notre signature.
Ainsi, toute action que nous posons et qui contribue à protéger la vie, à apaiser la souffrance d'autres personnes et qui exprime notre compréhension et notre compassion peut être qualifié d'action juste.

(....) C'est ainsi que nous créons notre propre futur, en offrant nos meilleures pensées, nos meilleures paroles, nos plus belles actions"
.

Nous sommes tous des êtres uniques mais néanmoins reliés les uns aux autres par nos vies actuelles mais aussi nos vies passées, plus ou moins lointaines, parfois très lointaines.

De mon côté, optant pour  une spiritualité libre et universelle, indépendante de toute religion , je dirai que "la pleine conscience" nous invite à instaurer un lien conscient avec l'essence de notre être.
Vivre en conscience serait ne jamais oublier le lien en nous entre ce que nous sommes aujourd'hui, au fil des jours et ce que nous sommes au fond de nous depuis toujours.

L'enfant intérieur décrit par Thich Nhat Han, c'est notre être profond, la partie la plus intime et spirituelle de notre âme. Aussi le lien à cet enfant intérieur est  très précieux car il a pu être abimé.
Les traumatismes de la petite enfance nous font retrouver ces blessures profondes et passées. À partir, de ces "plaies," que nous réparons, nous guérissons nos maux profonds ce qui nous aident à sortir de nos blocages.

L'idée est d'examiner avec soin nos sentiments d'aujourd'hui pour l'enfant que nous avons été hier : s'agit-il de rejet, de tristesse, d'indifférence, d'oubli ou d'affection, de tendresse, d'amour, de compassion.
Parfois, c'est ici que nous avons besoin d'être accompagné pour restaurer le dialogue libérateur.
Toute notre transformation réside dans la restauration de ces liens intérieurs : " transformer mon rejet en accueil, éprouver de la compassion pour la tristesse de l'enfant que j'ai été dans telle ou telle situation, me consoler aujourd'hui de mes erreurs..."
Ces sentiments bienveillants transforment l'être dans ses profondeurs et ainsi, à la fin de chacune de nos vies, nous repartons enrichis de plus de tolérance, d'amour, de compassion...

Dans ce livre, l'idée de "l'inter-être" est intéressante car  elle nous conforte dans le fait que nos liens sont bien vivants et nos ressentis les uns pour les autres légitimes, même à distance.
On naît dans la confusion et  nous cherchons à en sortir, à exister dans notre individualité et en autonomie. Mais ce que Thich Nhat Han préconise c'est qu'il faut aussi accepter les liens qui nous unissent aux êtres et aux choses. Ces êtres sont tout aussi bien les personnes qui remplissent nos vies, que nos ancêtres ou nos défunts. Mais j'ajouterai aussi les êtres que l'on retrouve, parfois juste un moment, et avec lesquels on a vécu des liens dans d'autres vies et au travers desquels on continue de se transformer et de se construire, plus ou moins consciemment.
Ces liens là sont, pour moi, essentiellement d'essence spirituelle.
Aussi, peut-être nous faut-il réconforter notre enfant intérieur dont la sagesse est infinie en lui exprimant  la légitimité de son ressenti, de sa tristesse et de sa solitude. C'est ainsi que l'on se relie à la vie et que nos actions deviennent plus lumineuses, porteuses de plus d'harmonie.
 Peut-être s'agit-il d'un besoin de compassion, d'un besoin d'écoute, quelque part inavoué ? La sollicitude de nos êtres profonds entre eux, leur sensibilité et leur sincérité oeuvrent bien au-delà des apparences matérielles. La reconnaissance de cet état permet d'ouvrir notre conscience à l'idée que nos souffrances sont aussi reliées, nous pouvons les partager, nous ne sommes pas isolés et seuls au monde.

L'idée de ne pas être seul au monde permet de retrouver le chemin de la joie et la joie est l' essence même de la vie. Dans l'instant présent, elle devient une force qui nous transporte et il est vrai que nos actions les plus justes sont souvent les plus joyeuses. 



Le darshan d'Amma



 La simplicité, l'humilité, l'amour et la compassion incarnés.
De cet amour qui ne juge pas, qui n'a pas de condition et qui rayonne "à l 'infini et au-delà."
De cette compassion qui accueille, qui comprend et qui répare les douleurs les plus profondes, les plus secrètes.
On repart le cœur  rempli d'amour après le darshan d'Amma, d'un amour inconditionnel si grand qu'on ne peut s'empêcher de le partager dans nos pensées et dans le cœur avec tous ceux qu'on aime et qui ne sont pas là. On repart émus, plus confiants, grandis et plus sages aussi. Avec la sensation profonde et durable d'être une infime partie de cet Amour.

lundi 10 septembre 2018

Comprendre est au-delà d'aimer...

La Lippina, Fra Philippo Lippi, 1465, musée des Offices, Florence.
De la femme au Ciel...

 L'âme a des étapes profondes.
On se laisse d'abord charmer,
Puis convaincre. Ce sont deux mondes.
Comprendre est au-delà d'aimer.

Aimer, comprendre : c'est le faîte.
Le Coeur, cet oiseau du vallon,
Sur le premier degré s'arrête ;
L'Esprit vole à l'autre échelon.

À l'amant succède l'archange ;
Le baiser, puis le firmament ;
Le point d'obscurité se change
En un point de rayonnement.

Mets de l'amour sur cette terre

Dans les vains brins d'herbe flottants.
Cette herbe devient, ô mystère !
Le nid sombre au fond du printemps.

Ajoute, en écartant son voile,
De la lumière au nid béni.
Et le nid deviendra l'étoile
Dans la forêt de l'infini.
Victor Hugo, "les chansons des rues et des bois", recueil, 1865.