lundi 13 novembre 2023

L'empathie

L'empathie, une définition cristalline et pure qui coule comme une source

"L'empathie c'est, à la vitesse de l'éclair, sentir ce que l'autre sent et savoir qu'on ne se trompe pas, comme si le cœur bondissait de la poitrine pour se loger dans la poitrine de l'autre.
C'est une antenne en nous qui nous fait toucher le vivant : feuille d'arbre ou humain. Ce n'est pas par le toucher que l'on sent le mieux mais par le cœur. Ce ne sont pas les botanistes qui connaissent le mieux les fleurs et les psychologues qui comprennent le mieux les âmes, c'est le cœur. Le cœur est un instrument d'optique bien plus puissant que les télescopes de la NASA. C'est le plus puissant organe de la connaissance, et c'est une connaissance qui se fait sans aucune préméditation, comme si ce n'était plus nous qui faisions attention à l'autre, comme s'il n'y avait plus qu'une attention pure et une bienveillance fondée sur la connaissance de notre mortalité commune. (...) Dans L'empathie, on peut prendre soin d'autrui comme jamais il ne prendra soin de lui-même, par une attention tendue comme un rai de lumière, mais il n'y a aucune emprise psychique sur lui. C'est l'art double de la plus grande proximité et de la distance sacrée."

Texte issue de "la lumière du monde" de Christian Bobin, p.16-17, ed. Folio

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Le pêcheur de Kajikazawaou (du peintre Hokusai)


Un pêcheur est en équilibre entre deux univers d'une part le ciel et l'eau d'un bleu intense et d'autre part la terre dont les couleurs vert et jaune fusionnent. Ses lignes plongent dans les profondeurs de l'Océan, au loin se découpent les courbes sacrées du Mont Fuji.

A l'image de ce pêcheur, nous sommes en ce moment dans cet équilibre difficile à trouver entre la folle envie de décrocher et la réalité concrète qui nous rappelle chaque jour, avec soin, nos différentes tâches. Si le pêcheur rêve et contemple l'océan qui lui offre un espace onirique de choix, il ne pensera plus à jeter ses lignes. Mais la nécessité de sa condition humaine lui demande de les jeter pour vivre. Il les jette, plongeant ainsi dans les fonds inconnus de l'océan. Son corps est tendu relié à la ligne qui explore les profondeurs. Mais a-t-il peur ?

Il semble serein à explorer cet inconnu qui recèle certainement de trésors qu'il doit avec patience et avec persévérance découvrir. La grande difficulté d'un tel passage, c'est de savoir comment transformer nos peurs. Celles-ci peuvent nous envahir et se transformer en sentiment de rejet, ou encore en réactions désagréables (jalousie, rancoeurs, sentiments d'injustice, désir de faire sa propre justice, stimulation de l'énergie instinctive) .

Si le pêcheur à la fin de sa journée retire sa ligne sans aucune prise vivra-t-il un sentiment d'injustice par rapport à la vie ou reviendra-t-il le lendemain pour reproduire le même geste ?

Si on écoute la sagesse du moment, il faut répéter chaque jour les mêmes gestes avec une grande rigueur et une recherche de perfection. Si le pêcheur reproduit sa tâche avec patience, il finira par voir ses efforts récompensés et une pêche miraculeuse lui sourire. Bien entendu, le miracle vient des profondeurs de l'Océan qui symbolisent ici les profondeurs de notre inconscient.

La présence du Mont Fuji résonne au lointain d'un son sacré et son rayonnement divin facilite la remontée, à la lumière du jour, des sombres fonds de l'océan.

A chacun, dans les mois qui arrivent, de trouver le son sacré qui lui fera explorer sans crainte ses nouvelles profondeurs intérieures et croire à leurs possibles transformations. Ces dernières, à la lumière du jour, seront le moteur de nos projets futurs, incontournables et salutaires, pour se découvrir, s'épanouir et se ré-inventer."

samedi 11 novembre 2023

Aimer c'est devenir un monde pour soi-même...

(...) Aimer n'a d'abord rien d'une absorption, d'un abandon ou d'une union avec l'autre ( car que serait l'union de choses qui ne sont pas éclaircies, ne sont pas achevées, ne sont pas encore mis en ordre ?), c'est une sublime occasion pour l'individu de mûrir, de devenir quelque chose en lui-même, de devenir un monde,  de devenir pour l'amour de l'autre un monde pour lui-même, c'est une grande  exigence qui s'adresse à lui, qui en fait un élu et l'appelle à l'immensité. (...)

Lettres à un jeune poète,
Rainer Maria Rilke, le 14.05.1904.