vendredi 21 octobre 2016

"Faire ce qu'il faut puis laisser faire"


"La joie est partout sous le ciel, cherche celle qui répond à ton coeur"
Su Zhe
 
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Il y a des moments de profondeurs incontournables rencontrés à travers nos épreuves de vie (douleurs physiques et émotionnelles, doutes, tristesse, remise en question) où les prises de conscience se font plus aiguës. Ces instants-là nous invitent, à l'image de la nature qui meurt en automne et renaît au printemps, à vivre de petites morts intérieures et symboliques afin de quitter l'ancien pour renaître au nouveau, sans jamais rompre le pacte de confiance avec la Vie.


 
" Faire ce qu'il faut puis laisser faire"
Il ne s'agit pas de fatalisme ou de démission, mais de confiance.
Se libérer de tout désir stérile, laisser la rivalité en chemin, apprendre à consentir à l'exigence de la
vraie  Vie : rester humble devant les mouvements de l'âme comme un serviteur devant un plus grand que soi. Je traversais une période de doute. J'avais perdu confiance et le moment n'était pas heureux. Ce caractère s'est imposé comme une nécessité  vitale. Je devais retrouver la paix, signer une nouvelle fois le pacte de confiance.
L'idéogramme est empreint d'une tension presque antagoniste. Un équilibre précaire s'établit entre les signes ; l'harmonie vient de l'apparente dissonance des formes et de leur secrète résonance. En traçant, ce caractère, j'ai éprouvé le besoin de me restituer dans l'ordre de la création.
Et le souffle devient signe, François Cheng, p.94, l'iconoclaste.

mardi 18 octobre 2016

L'écureuil et l"arbre rêveur

Quelques fois des graines oubliées, que l'on avait semées dans les temps passés, avec amour, donnent soudain des fruits inattendus mais magnifiques.

L'écureuil et la feuille

Un écureuil, sur la bruyère,  
Se lave avec de la lumière.
Une feuille morte descend,
Doucement portée par le vent .
Et le vent balance la feuille
Juste au dessus de l'écureuil;
Le vent attend, pour la poser,
Légèrement sur la bruyère,
Que l'écureuil soit remonté
Sur le chêne de la clairière
Où il aime à se balancer
Comme une feuille de lumière.
Maurice Carême



La feuille

Il était une feuille qui, ce matin, est tombée sur le bas de ma fenêtre.
La feuille venait de l'arbre rêveur.
L'arbre rêveur était un arbre magique.
Il avait le pouvoir de se rappeler de tous les rêves des enfants.

Auréane, 8 ans, le 18.11.16.

dimanche 2 octobre 2016

A long way...a long life


Is he a poor lonesome cow-boy ?

En s'appelant, Chance Chanceuse, Lucky Luke ou Luck, ne peut être finalement que le garçon le plus cool sur cette planète. De quoi a-t-il peur ?  Il tire plus vite que son ombre, qu'il a totalement apprivoisée au point même d'avoir pris le dessus sur elle. Il a un cheval, Jolly Jumper, qui se poile à se rouler par terre si le coeur lui en dit. Il s'est donné une direction et il s'y tient.  Pour lui, ce qui compte c''est sa mission, celle qu'il sait juste au fond de lui.  C'est un solitaire, mais il en connaît tous les secrets parce qu'en fait il a accepté d'être un homme libre et universel. Son universalité, il n'en parle jamais car il a compris que c'est dans le secret qu'elle sera le mieux protéger. Il a accepté de devenir le justicier des causes perdues et il s'amuse de loin avec ses gredins d'ennemis pour qui il a une affection sincère. Il ne veut pas se l'avouer mais, dans son monde, en fait, il a une chance inouie : les bons sont bons, et les méchants toujours méchants. Aussi, est-il certain des liens qui se tissent entre les personnages de sa vie. 
A la fin de chaque histoire, il reprend son chemin sans hésitation, sans attache et sans illusion. Il sait que le chemin se poursuit ainsi, regardant avec Jolly jumper le coucher de soleil au loin vers ses lointaines montagnes. Ce solitaire légendaire est en fait un grand sage. Il a tout compris des méandres de la vie, il reste fidèle dans son coeur et n'avoue jamais à qui il appartient. C'est mieux ainsi, car il est sûr de ne pas trahir. Pour Lucky Luke, la loyauté est un point d'honneur et elle n'a pas de prix. Il sait pourtant qu'il lui faut parfois s'approcher d'histoires tordues et dangereuses mais il n'aime pas jouer sur deux tableaux à la fois. De jour comme de nuit, il est égal à lui-même, il ne joue aucun rôle à part le sien. Son esprit pionnier et aventurier l'a poussé à croire au soleil qui se couche dans le far west. Oui, il croit à la vie et il veut qu'elle circule le plus vite possible ; par poney express, par télégraphe et aussi by train. C'est un homme sans frontière, profondément humain, cela se voit car il est toujours fair-play. On aime sa mèche qui tombe sur ses yeux pour cacher ses moments d'émotions et aussi les cliquetis de ses étoiles accrochées à ses bottes qui nous rappellent sa nature, un vrai cow-boy. Les cows-boys,  en principe, ils sont souvent rustres à l'image des saloons malfamés. Mais lui, pas du tout, on sent en lui se dissimuler une subtilité hors du commun et une finesse de circonstances pour analyser les situations.  Ce qui est désolant, c'est qu'il a toujours une cigarette aux lèvres, il fume certainement trop. Mais pourquoi ? Peut-être n'entend-t-il pas la tristesse de ses poumons ? C'est sûrement son seul défaut.  Cette tristesse, il ne veut pas s'en occuper car il a une bien trop grande profondeur, il n'en retrouve pas souvent un écho dans ce monde. Aussi, se retire-t-il  très vite dans ses montagnes solitaires, car là-bas, dans le silence, il entend la réponse, celle qui le réconforte, qui ne le déçoit jamais. Il revient toujours, cependant, car sa mission n'est pas encore achevée et elle a encore tellement de choses à lui apprendre.

A long way...a long life...

samedi 1 octobre 2016

La réponse d'Elvire



 Une magnifique lettre reçue le 30.09 qui m'a beaucoup touchée et que l'auteure m'a autorisée à partager. Je la remercie car elle donne du sens.
 Chère Native,
Votre lettre portée par les anges est arrivée jusqu’à ma lointaine retraite, j’entends bien votre appel à ma personne lancé par-delà les espaces et par de-là le temps et je vous remercie de venir ainsi me déranger. Votre voix est la claire musique d’un ressac qui bat depuis longtemps mes murailles de pierre. Ainsi, le va et vient des vagues, laisse à travers vos mots, émerger son limpide message. Il est une invitation et ma plume vous y répond. Vous m’invitez à revenir au monde, à reprendre conscience du mouvement et du flux de vie qui traverse mes fibres. Et vous avez raison. Sur cette scène où chaque jour se lève, il me faut désormais m’aventurer dans la lumière et donner la réplique. Je ne pouvais cependant m’y résoudre sans y avoir été invité. La porte du couvent est lourde à pousser et l’obscurité devenue rassurante, les doutes nous retiennent comme des racines profondes et chaque pas, croyez-le est un arrachement. Mais dehors, je l’entends, le vent bruisse dans les arbres, l’eau murmure et la vie bouge comme une tâche de soleil dans le sous-bois. C’est une jeune femme qui était entrée en ces lieux de recueillement, c’est désormais une vieille âme qui revient. Vieille, parce que le temps a accompli son œuvre, vieille parce que l’errance au labyrinthe fut longue, vieille encore, de tout ce qu’il a fallu perdre, la beauté, la jeunesse, l’or brillant du désir, l’insouciance légère, jusqu’au  plus ténus des espoirs, jusqu’à la poussière des rêves. C’est une femme usée qui entre en scène, dont la marche est incertaine et la parole faible. Elle n’a jamais été aussi pauvre, et pourtant, elle n’a jamais été aussi riche. Cependant, cette richesse est encore enfermée dans un coffret dont elle a perdu la clé. Mais l’autre n’est-il pas une clé ? L’invitation n’est-elle pas déjà une ouverture ? Ce couvent, ce lieu de recueillement n’est-il pas déjà dans le monde de toute éternité ? Vous écrivez à une morte et c’est une vivante qui répond car la Vie contient toute chose, même la mort. Chaque fois que l’on tend la main, c’est le vivant qui l’attrape car le vivant veut vivre. Nous finirons tous par pousser la lourde porte pour laisser sortir l’être blessé, trahi, humilié et vaincu. L’être défait. Cette défaite n’est pas un échec, en vous le disant, c’est à moi-même que je le dis, cette défaite n’est pas une victoire, c’est l’abandon des attachements et des illusions, cette défaite est notre liberté.

L’ancienne Elvire adopte un nouvel ordre, car désormais Elle revit !
Bien à vous et merci